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INTERVIEWS

5 QUESTIONS À HAROLD COBERT, ÉCRIVAIN ET AUTEUR DE "JIM"

INTRODUCTION :

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Sorti en 2014 aux éditions "Plon" puis réédité en 2016 chez "Le Livre de Poche", "Jim" est un roman écrit par Harold Cobert. Dans son livre rédigé à la 1ère personne du singulier, l'auteur se glisse dans la peau de Jim Morrison lors de ces derniers mois de vie, à Paris...

Pierre de The Doors Jim Morrison Fans France est allé à la rencontre l'écrivain et nous le remercions d'avoir accepté de répondre à nos questions :

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INTERVIEW :

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PF : Harold, Bonjour, vous êtes l'auteur de "Jim" paru en 2014, pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous et sur ce livre ?

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HC :Bonjour ! Et merci de m’accueillir.

Quelques mots sur moi ? Alors… Écrivain, Surfeur, Docteur en lettres, que des choses qui ne servent à rien ! Mais fan des Doors, ce qui, ça, est essentiel ! Concernant Jim, c’est une proposition d’Amanda Sthers pour la collection « Miroir » qu’elle dirige aux éditions Plon. Le concept d’origine est le suivant : un écrivain se glisse dans la peau d’une personnalité qu’on imagine allongée sur le divan d’un psy qui ne parle pas. Grâce à ce dispositif narratif, on écrit « je » pour cette personnalité et on peut revisiter sa vie d’une manière associative et non linéaire. Le concept a évolué au fil des ouvrages, le psy pouvant être remplacé par quelqu’un ou quelque chose d’autre, voire tout simplement supprimé. Jim est le 6e roman de cette collection.

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PF : Vous avez donc choisi de vous glisser dans la peau d'un Jim Morrison à Paris, durant sa fin de vie donc, pourquoi ce choix ? Que vous inspire Morrison ?

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HC : J’ai choisi la période parisienne de Jim qui ne dure que 3 mois et ½, parce que c’est celle où le Roi Lézard est à la croisée des chemins. Le contrat liant les Doors à Elektra est arrivé à terme, Jim est fatigué de son personnage de rock star et excédé par ce que devient l’industrie du disque. C’est le moment où il regarde dans le rétroviseur de son existence aussi intense que brève, et où il s’interroge sur ce qu’il veut faire, sur ce qu’il veut vraiment être.

Jim m’inspire un personnage de tragédie grecque, ce que, je pense, il n’aurait pas renié ! Pour moi, c’est quelqu’un qui a créé un personnage – le Roi Lézard – pour s’émanciper d’une histoire personnelle et familiale désastreuses, et qui se retrouve dévoré par ce personnage. Tué par lui-même, en quelque sorte. Comme si, de son vivant, son mythe était déjà devenu plus fort que lui, jusqu’à l’asphyxier, l’engloutir. Outre son indéniable génie, cette tragédie intime là me bouleverse : qu’y-a-t-il de pire que d’être victime de soi-même, de son image ?

 

PF : Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu The Doors ?

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HC : Oui, je m’en souviens très bien ! Je suis né en 1974, et comme beaucoup de ma génération, j’ai découvert les Doors par le film d’Oliver Stone. J’ai été fasciné par Jim, par sa personnalité. J’ai écouté tous les albums des Doors et lu tous les textes de Jim. C’est grâce à lui que je suis devenu un vrai lecteur et un écrivain. Il m’a rendu proche de la littérature que l’on m’enseignait au lycée, il m’a rendu les auteurs familiers et fraternels. Et puis, à force de lire, on s’essaie à l’écriture. Le virus ne m’a jamais lâché.

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PF : Vous donnez une dimension très personnelle aux sentiments et aux émotions de Morrison dans votre livre, comment pensez-vous que Jim se sentait à Paris ?

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HC : Je pense qu’il se sentait paumé, sans doute parce qu’il était réellement et complètement paumé. Ne parlant pas Français, il était assez isolé. Le Paris qu’il avait fantasmé, celui des écrivains maudits, n’a pas été au rendez-vous. Ou plutôt si, à son insu, et hélas pas comme il l’espérait. Il s’est enfoncé dans l’alcool et les crises avec Pamela. Il était venu là pour écrire mais l’écriture l’a déserté, en tout cas elle n’a pas été aussi généreuse qu’il l’avait imaginée. Je crois qu’il s’est rendu compte que son écriture et son inspiration étaient profondément liées au Doors. Les Doors n’existaient plus sans lui, mais il avait également besoin des Doors pour créer.

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PF : Enfin, nous voulions vous posez la question que chaque fan ici se pose très certainement : Pour vous, qu’est-il arrivé à ce jeune homme de 27 ans cette nuit du 2 au 3 juillet 1971 ?

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HC : Mon intime conviction est assez simple. Il est allé au Rock’n’Roll Circus chercher de l’héroïne pour Pamela, trop heureux de pouvoir sortir et boire jusqu’à plus soif sans que Pam' ne lui fasse de crise puisqu’il allait lui rapporter sa came. Jim n’aimait pas les piqures, mais il a certainement sniffé un peu de cette héroïne, qui était très pure, dans les toilettes de l’établissement. Son corps était tellement déglingué par tous ses excès qu’il a fait un infarctus. On l’a sorti par l’arrière de la boîte, par le couloir qui communique avec L’Alcazar, et on l’a ramené rue Beautreillis, où on l’a plongé dans de l’eau froide – manière dont on essaie de ramener à la vie ceux ou celles qui font une overdose. Il y a eu dans l’appartement tout un défilé de personnes jusqu’au matin, dont le fameux Jean de Breteuil, pour décider comment et quoi faire avec la mort de Jim. Je crois me souvenir que le médecin venu constater le décès dans la matinée devait partir le jour même en vacances avec sa femme et ses enfants : pour ne pas compromettre son départ avec sa famille, il a déclaré une mort naturelle. Et de là, la légende et le mythe ont commencé…

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Entretiens réalisés en octobre et novembre 2017 par Pierre.

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